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J’aime la mode éthique et j’aime le business. J’aime gagner de l’argent en travaillant sur des projets qui font du sens. Ceux qui ont le respect des hommes et de la planète au cœur de leur existence. Alors quand je parcours les allées du salon IMPACT au sein de Who’s Next, j’interroge les créateurs :
Vous en vivez ? Votre marge permet-elle d’intégrer un réseau de distribution (qui prend minimum 60% de marge) ?
Parce qu’avoir un magnifique produit ne suffit pas, il faut aussi être rentable.
Nombreuses sont les jeunes marques éthiques qui ne sont pas encore rentables, souvent elles viennent de se lancer. La difficulté de nombreux créateurs est de partager leur temps entre la production et la promotion. La concentration sur la production est essentielle: sans produit de qualité pas de vente. Mais pour vendre il faut aussi être visible et la communication, les réseaux sociaux, le démarchage commercial, la presse sont des activités chronophages. Et rares sont les jeunes créateurs qui ont les moyens financiers de déléguer cette partie.
Être rentable c’est aussi vendre plus, et donc passer par un réseau de distribution. Alors que ces créateurs se battent pour un prix juste, en réduisant volontairement leur marge, le réseau de distribution lui conserve ses marges de vente d’environ -60, -70% voire plus.
Je suis aussi allée me promener du côté des allées classiques du Who’s Next. Là il y avait du business, les vêtements vendus 50 euros en boutique, sont proposés à 15 euros aux distributeurs. Soit une marge de 70%, le fameux point 3. Et si les marques sont en capacité de vendre aux détaillants à ce prix, c’est que sur ce prix de vente leur marge reste suffisante. C’est donc souvent un produit, dont le coût a été minimisé au détriment des ouvriers pour pouvoir multiplier par 7 ou plus le prix une fois sortie d’usine.
Pour être entièrement cohérent dans leur démarche éthique, de nombreuses marques équitables choisissent de ne pas « augmenter » artificiellement leur prix. Elles choisissent de proposer un prix « juste » qui signifie être son propre distributeur en ligne. C’est le cas de la marque de jean écoresponsable en fibre recyclé GreenLion . Quand son créateur m’annonce 89 euros la paire de jean écoresponsable, je suis forcément surprise. Comment se tirer une marge avec ce prix quand on connait la valeur d’un prix juste. La réponse est donc toujours la même : vendre directement via son propre site avec toute l’énergie que cela demande mais rester fidèle à ses valeurs. C’est ce qu’explique très bien la marque de pull recyclés Au juste dans son infographie.
Il est difficile d’à la fois créer une alternative à la mode traditionnelle tout en rentrant dans le système classique, celui là même qui a causé la course aux prix bas et aux ouvriers toujours plus mal payés.
D’autres marques font le choix de produire localement de façon éthique, responsable et pour autant d’inclure tout de suite la marge distributeur dans le prix de vente final. Ces marques considèrent que le travail de la boutique doit être rémunéré à sa juste valeur et c’est ainsi que passe leur développement.
La fixation du prix de vente est souvent un casse-tête pour les jeunes créateurs, il n’y a pas de recette miracle. En revanche mon seul conseil reste d’échanger avec les créateurs qui sont passés par là, de glaner les retours d’expériences de chacun pour bien choisir. Et pour ça il y a une recette miracle, être en réseau avec d’autres créateurs.
Comment ?
En intégrant l’annuaire des marques éthiques SloWeAre qui organise des rencontres entre les marques qu’elle accompagne.
En rejoignant le groupe Facebook French fashion Union
au sein duquel les créateurs échangent bonnes pratiques, recommandations et carnet d’adresse.
Et bientôt sur la région nantaise via un réseau informel mais bien réél de rendez-vous conviviaux pour permettre l’échange entre créateurs…Stay tune.
Taranto audrey
10/05/2019
Article pertinent bravo